Thierry Beinstingel, conseiller en recrutement chez France Telecom, analyse le monde du travail, de manière pessimiste mais réaliste. L'"ancêtre" ou l'"ours", VRP en papier peint a la cinquantaine passé, et la jeune fille qui, sortant d'une école de commerce est nommé responsable de vente dans la même entreprise que l'"ancêtre". Une aubaine pour elle qui se transforme en cauchemar: sa première mission est de licencier l'"ours". A travers cet ouvrage, l'auteur pose la question de l'avilissement de l'homme au travail, de sa déshumanisation. N'ayant pas de nom, les personnages perdent toute identité. Par ailleurs, il y a un questionnement sur le langage, le poids des mots. Un très bel ouvrage, dans lequel les personnages sont attachants, où l'écriture devient poétique malgré la monotonie du monde du travail, où le travail est montré de manière cruel. Ils désertent se transforme en une sorte de carpe diem écrit et Thierry Beinstingel est alors un nouveau Rimbaud. Un ouvrage que je conseille à tous les littéraires, où les mots auront toujours un sens tandis que le travail "routinise" la vie. C'est en quelque sorte pour reprendre un titre d'Hannah Arendt Ils désertent La condition de l'homme moderne.
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